Mon premier souvenir en lien avec le bois est associé à un mobilier de chambre que mes parents m’ont acheté lorsque j’avais cinq ou six ans. Je m’en souviens très bien. Il était simple, tout en lignes droites, avec de gros boutons, rendant les tiroirs faciles à ouvrir pour une petite fille. Quand ce mobilier, probablement en pin, a été livré à notre appartement, il était non traité, de teinte claire, presque blanc, avec des nuances jaunâtres.
Je revois encore ma mère sablant avec précision et minutie chaque pièce du mobilier, l’enduisant de laque, tant la commode, la table de nuit, le secrétaire que la chaise. J’étais fascinée de voir comment les meubles étaient devenus luisants, ils me donnaient l’impression de briller. J’adorais!
Je me rappelle laisser courir mes petites mains sur les surfaces lisses, sentant du bout des doigts les petits grains de sable emprisonnés ici et là dans la laque. J’ai beaucoup aimé chacun de ces meubles, aussi beaux ensemble qu’individuellement. Chaque pièce avait trouvé sa place dans ma petite chambre à coucher. Ces meubles vivaient harmonieusement entre mes quatre murs, ils complétaient fort bien mon intérieur en le rendant bien douillet et chaleureux, Je me sentais comme une grande fille. J’avais une chambre à moi. J’étais heureuse.
Me rappeler cette période de mon enfance me fait sourire. Ça faisait longtemps que je n’avais pas revécu ces souvenirs. C’est cette nouvelle aventure dans laquelle je me suis embarquée qui les fait ressurgir, et au fur et à mesure que je me glisse dans l’univers d’Artemano, où le bois est roi et maître.
Petit à petit, je me rends compte combien j’aime et j’apprécie cet élément de la nature que j’avais tenu pour acquis, car même si j’étais sensible à la beauté du bois, je n’avais jamais pris conscience de son extraordinaire pouvoir – celui de me replonger dans mon passé, à une époque qui me remplissait de bonheur. Je commence à l’apprendre.
Je commence à comprendre que mon envoûtement pour les maisons ancestrales, avec leurs vieux planchers et châssis de bois et leurs portes en bois massif, n’est pas qu’une question de beauté visuelle. Quelque chose de plus profond m’attire et me séduit. Le bois, surtout le vieux bois rescapé, touche une corde sensible en moi parce qu’il est chargé d’histoire. On a foulé ses planches, palpé son grain. Il a été le témoin silencieux de la vie de gens bien réels, de leurs histoires et de leur vécu : un nouveau-né arrivant dans son nouveau chez soi, un enfant soufflant sur ses bougies d’anniversaire, des parents passant des soirées mémorables à discuter et à échanger en bonne compagnie, les matins de Noël où on déballe des cadeaux, le tintement de verres à l’occasion de fiançailles ou de l’obtention d’un diplôme.
Le bois est un témoin de l’histoire; il ouvre une fenêtre non seulement sur mon passé à moi, mais aussi sur le monde d’Artemano, car certaines des pièces de mobilier offerts dans les boutiques sont faites de bois recyclé, qu’il s’agisse de vieilles traverses de chemin de fer en Inde ou encore de vieilles barques de pêche en Indonésie. Le bois fait partie de notre histoire – une histoire que nous partageons avec vous. Je suis fière d’en faire partie au fur et à mesure qu’elle évolue et prend forme.