En Thaïlande, j’ai renoué avec une leçon de vie que j’avais déjà apprise… mais oubliée. Elle me suivait partout où j’allais, que je pose les yeux sur une usine moderne s’étirant sur des pâtés de maisons ou un petit atelier au milieu de la forêt.
J’avais oublié que des êtres humains se cachent derrière les choses que j’aime tant.
À un endroit, j’ai vu des douzaines d’hommes et de femmes tous vêtus de la même chemise bleue, la tête baissée, les visages masqués, en train de sabler, de couper, de scier, de lisser et d’empaqueter dans des boîtes étampées de grandes marques de détail toutes ces choses que nous convoitons.
Leurs conditions de travail diffèrent des nôtres : ils s’affairent dans la brise des ventilateurs et à la lumière du soleil qui pénètre dans un environnement de travail propre et aéré.
Ça m’a beaucoup touchée. Je n’avais jamais associé ces piles de bols de salade en bois de suar, ces tables de salon et têtes de lit dont je raffole aux gens qui les fabriquent.
Dans mon monde, je suis consommatrice avant tout. Je me suis trop souvent retrouvée saisie d’une sorte de torpeur, le regard vitreux, à l’annonce d’une aubaine que je ne pouvais simplement pas refuser. C’est comme si mon cerveau cessait de fonctionner – voulant juste posséder, peu importe si j’en avais réellement besoin ou non. En Thaïlande, j’ai été confrontée à ma conscience de consommatrice, cette partie de moi qui pose un regard critique sur les objets qui nous entourent, et sur leur origine.
Les objets préférés qui meublent ma maison sont appréciés non seulement parce qu’ils sont beaux, mais aussi parce qu’ils ont été conçus par un être humain. D’ailleurs, ce sont leurs imperfections, et les caractéristiques propres à chacun d’entre eux qui les rendent plus intéressants, tout comme nous qui les utilisons.
Merci, Thaïlande, de m’avoir rappelé que nous sommes bien plus qu’une nation qui dépend de la production de masse des machines, de l’efficacité des algorithmes et des avancées technologiques. Tout comme Artemano, nous pouvons nous aussi choisir de nous soucier de la provenance de nos biens et d’honorer la main-d’œuvre qui les produit – quitte à devoir payer un peu plus cher. Je m’en souviendrai la prochaine fois qu’on me proposera une aubaine dont je peux tout à fait me passer.
Toutes photos par Conteska Photography