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À propos de la Thaïlande

French Nomades

La sagesse est une perle rare : on passe sa vie à se creuser la tête pour la trouver, de la même manière que les miniers recherchent l’or. On la cherche dans les livres, dans la pratique de la méditation, auprès même de certains auteurs spirituels célèbres comme Eckhart Tolle. Je ne m’attendais jamais à la trouver à l’autre bout du monde, à Chiang Mai, une ville de la Thaïlande du Nord.

 

Je suis venue ici pour démystifier le processus de sélection et de création du mobilier qu’on aime tant, puis le partager avec vous.  Mais il y a une autre raison pour ce voyage, une raison personnelle : comprendre ce que les fondateurs d'Artemano veulent dire quand ils parlent de « la magie d’Artemano ». Je suis un peu sceptique – oui, j’en conviens que les salles d’exposition d’Artemano regorgent de cette énergie magique OMMMMniprésente, mais la magie n’est pas quelque chose que j’associe avec la fabrication de meubles.

Les opérations d’Artemano en Thaïlande sont gérées par une petite femme du nom de Bai, l’intermédiaire d’Artemano. « C’est comme une deuxième mère », me dit Eyal, cofondateur d’Artemano, avant mon départ, « elle sait ce dont on aura besoin et le prépare à l’avance, avant même qu’on le lui demande. »

Bai n’agit pas uniquement à titre d’intermédiaire. Elle est aussi les yeux d’Artemano, autant pour tâter le terrain que scruter le bois. C’est elle qui a le dernier mot dans le contrôle de la qualité, et tous les autres mots d’ailleurs, entre l’étape de la sélection du bois et son chargement dans le conteneur d’expédition à destination du Canada.

C’est elle aussi qui nous déniche les meilleurs, les plus charnus et les plus juteux litchis au monde qu’elle nous achète en vrac lors de nos longs périples en voiture de fournisseur en fournisseur.

Je commence à me rendre compte que Bai a beaucoup plus à offrir que son professionnalisme. C’est le genre de femme qui vous tirera par la main afin de vous éviter une collision avec un camion, puis réajustera votre chapeau (que vous avez failli perdre), seulement cinq minutes après vous avoir rencontré.

Dès mon premier entretien avec Bai (sur le Bouddhisme et non le bois), j’ai été impressionnée par sa vision de la vie : « Peuple Thaïlandais vont au temple chaque pleine lune pour alléger karma, mais je pense que bien et mal sont dans esprit – vous pas être bon seulement parce qu’aller au temple. On ne sait pas ce qu’il y a après mort. Il faut créer paradis maintenant. »

Le travail de Bai consiste à trouver un terrain d’entente entre les besoins d’Artemano et de ses fournisseurs, ainsi qu’entre nos différences culturelles. J’ai été agréablement surprise (non, ravie!) de voir cette femme thaïlandaise occuper un rôle aussi important. Lorsque je lui demandai si cela était commun en Thaïlande, elle éclata de rire, la tête renversée vers l’arrière, et dit « nous femmes font affaires, hommes restent maison! ».

À l’occasion, son rôle d’agent de liaison la met dans des situations délicates. À chaque fois que nous visitons un fournisseur, elle lui donne le nom du prochain que nous allons voir, ce qui rend la négociation parfois difficile. Lorsqu’on lui demande pourquoi elle fait ça, elle répond « parce que c’est coutume ici; si je dis pas, je mens – et je vais me perdre dans mes mensonges! ».

L’autre jour, je lui ai demandé si elle faisait confiance au fournisseur que nous venions de rencontrer. Elle hissa son index : « Moi faire confiance à tout le monde une fois. Il y a 66 millions d’habitants en Thaïlande, donc tout le monde une chance une fois! », et elle rit. Non seulement c’est vrai, mais c’est une tactique qui a grandement servi Artemano, car le bois qu’elle leur fournit se métamorphose généralement en leurs pièces les plus populaires.

Alors que j’observais Bai composer avec nos deux cultures opposées, je me suis rendue compte qu’en plus de la qualité des produits bruts et du savoir-faire artisanal, il y avait un autre ingrédient dans la recette miracle de fabrication du mobilier d’Artemano : l’ouverture d’esprit. Sans cette capacité d’accepter nos différents culturels, il n’y aurait pas d’Artemano – et voilà dévoilée une partie de la magie que je recherchais.

Comme Bai dirait : créons-nous notre paradis maintenant.

 

 

 

 Toutes photos par Conteska Photography

 



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